150 ans d’histoire
L’eau thermale de Rochefort : Une histoire atypique
C’est en 1666 que la ville arsenal de Rochefort voit le jour, avec l’implantation d’un arsenal maritime et militaire dont l’ambition était d’en faire le plus grand et le plus beau du royaume. Mais l’eau potable fait défaut à la ville. Napoléon 1er visite Rochefort en 1808 et, convaincu par le médecin-chirurgien Cochon-Duvivier, Directeur de l’Hôpital de la Marine, il ordonne qu’un puits artésien soit creusé pour trouver de l’eau potable.
Mais ce n’est qu’en 1857, pendant le Second Empire, alors que la ville était en pleine expansion démographique et économique, que les besoins en eau devinrent un problème crucial pour ses habitants comme pour l’arsenal militaire et les industries de la ville. Les recherches furent donc relancées quatre années plus tard et se révélèrent cette fois-ci concluantes, mais pas dans le sens où les prospecteurs l’attendaient.
C’est ainsi qu’en 1866, après de nombreux et persévérants efforts, la nappe d’eau fut enfin découverte, à une profondeur jamais atteinte à ce jour à -816 mètres, ce qui était un record. Elle s’avère dès lors comme étant l’« une des sources thermales les plus profondes de France ».
Le forage fut achevé le 20 juin 1868 avec une eau jaillissante à dix mètres au-dessus du sol et à une température de 43°C avec une réaction alcaline. En fait, cette eau se révéla impropre à la consommation courante, mais par contre comme ayant des propriétés minérales destinées à l’usage thermal.
Malgré la richesse de cette eau présentant des vertus thérapeutiques évidentes, les finances de l’époque – la guerre franco-allemande de 1870 ayant empêché tout projet d’exploitation – ne permirent pas à la ville d’exploiter cette source et les médecins militaires se contentèrent pendant un temps de l’analyser et de l’étudier.
Cependant, l’hôpital de la Marine fit aménager un petit module thermal avec installation de baignoires et de salles de bain ainsi qu’un robinet pour l’eau de boisson destinés prioritairement aux soins des marins et des soldats de l’infanterie de la Marine. Ces curistes « improvisés » furent l’objet de nombreuses observations médicales et de très sérieux rapports furent établis sur les bienfaits de cette eau aux propriétés thérapeutiques multiples et dont les perspectives d’exploitation s’avérèrent très prometteuses.
Mais en novembre 1888, une barre de sonde se rompit à 55 mètres de profondeur et obstrua définitivement l’arrivée de l’eau thermale. Pendant six années, de nombreux efforts furent entrepris pour déboucher le puits artésien, mais ils ne purent aboutir et, en 1892, la source fut fermée.
Il fallut attendre environ trois quarts de siècle pour que cette source soit à nouveau mise en service et fasse enfin de Rochefort une authentique station thermale.
L’exploitation de la source thermale à partir de 1956
En 1952, des travaux de forage furent relancés par la municipalité de Rochefort sur un autre terrain, non loin de l’hôpital maritime, et en novembre 1953, l’eau jaillit de nouveau à une température de 41,4°C au débit de 17 m3 par heure. Sa profondeur était de 815 mètres.
Cette eau se révéla avoir les mêmes propriétés curatives. En janvier 1954, la station thermale était officiellement créée et, en référence à l’empereur « Napoléon Ier » qui avait encouragé un forage pour la recherche de l’eau dans le sous-sol de Rochefort, la source fut baptisée la « Source l’Empereur ».
Dès mars 1954, la municipalité fait construire un module thermal expérimental qui fut inauguré officiellement en 1956. Pendant six années consécutives, de mars à novembre, de nombreux curistes ont afflué et le renom de la station s’affirma rapidement dans tout le Centre-Ouest de la France.
Pour la seule année 1957, 4 000 curistes furent enregistrés avec des résultats thérapeutiques excellents au point qu’en novembre 1959, la station thermale reçut l’agrément du Ministère de la Santé publique et de la Sécurité sociale ainsi qu’un avis favorable de l’Académie de Médecine.
En 1960, l’établissement thermal de Rochefort ouvre ses portes et accueille ses premiers curistes en soins agréés. Et c’est en décembre 1979, que l’hôtel des Remparts, qui communique avec les Thermes, est inauguré.
Au début des années 1980, la ville a souhaité confier la gestion de ses Thermes et c’est le 11 juin 1982 que le Conseil municipal a approuvé la mise en concession de l’Établissement thermal à notre Groupe, le Groupe Eurothermes, assorti d’une redevance annuelle, la ville restant propriétaire de la source et gardant la responsabilité de la production de l’eau thermale jusqu’à l’émergence et l’usage de l’eau nous revenant.
Au fil des années, l’établissement thermal s’est agrandi et modernisé afin d’en augmenter la capacité d’accueil : un nouvel accueil, deux nouvelles piscines, de nouveaux vestiaires et, chaque année, pendant la fermeture technique, des aménagements et modernisations récurrentes sont effectuées.
Néanmoins, au fur et à mesure de l’augmentation du nombre de curistes, les besoins en eau thermale augmentaient également, et le débit du puits du forage Empereur devenait donc insuffisant. Il fut décidé de faire un, puis deux nouveaux forages. Ces deux gros chantiers se déroulèrent en 1987 pour le puits Blondel et en 2000 pour le puits Lafayette.
Actuellement, seul ce dernier est exploité. Le premier (l’Empereur) a été rebouché en 2009 et le second (Blondel) est à l’arrêt depuis 2021.
Aujourd’hui, un projet de nouveau forage, visant à sécuriser la ressource, est en cours de réalisation. Les travaux ont débuté à l’automne 2022.